Acceptant avec élégance un baisemain de la part d'un invité important pour les affaires de son père, Akshara se laissa faussement envelopper par la conversation et joua le rôle que l'on attendait d'elle ; celle d'une femme cultivée et curieuse qui avec son esprit vif pouvait tenir une discussion sans paraître ennuyée ou ennuyeuse. Calme et distinguée, on pouvait croire sans l'ombre d'un doute qu'elle était dans son élément. En soi, ce n'était pas complètement faux. Elle avait grandit dans le confort du luxe et chérissait cette chance... même si sa mère lui avait été arrachée. Elle aspirait à devenir comme elle ; un modèle de douceur et de bienveillance tout en ayant la capacité de diriger correctement les affaires familiales. Mais hélas, la vie en avait décidé autrement et son père menait des trafics qu'elle ne pouvait cautionner.
Alors toute cette hypocrisie, ces bains de foules mondains et ce rôle qu'elle devait jouer en prétendant servir les intérêts de son paternel la rendaient folle intérieurment. Mais elle était assez solide et conscience de l'importance de ce petit jeu de masques pour le tenir à la perfection.
« Je vous prie de m'excuser un instant monsieur Fang, je dois vérifier que tout est en ordre pour la suite du buffet. »
Elle lui offrit un sourire charmant et posa sa coupe de champagne sur un coin de table pour se diriger vers le couloir qui menait à l'ascenseur descendant vers les cuisines. En vérité, elle se fichait bien de savoir où en était la préparation des prochains plats. Ce n'est pas comme si elle allait réprimander elle même les employés qui pour le coup travaillaient du mieux qu'ils pouvaient et leur offraient un service de qualité dont ils n'avaient jamais eu à se plaindre.
Mais voilà, elle avait parfois besoin de s'éclipser un peu pour souffler loin de cette mascarade. Alors toute excuse était bonne à prendre.
Et tandis qu'elle arrivait au bout du couloir, elle quitta ses pensées pour remarquer que quelqu'un d'autre avait appelé l'ascenseur et venait de grimper dans ce dernier. Elle accéléra le pas et l'interpella.
« Tenez moi la porte je vous prie. »
Demanda-t-elle poliment en s'introduisant rapidement dans la cabine et en remerciant son interlocuteur d'un signe de tête. C'était visiblement un serveur que son père devait avoir engagé récemment ou peut-être en renfort pour la soirée, car elle ne l'avait encore jamais vu auparavant. Elle appuya sur le bouton de l'étage qu'elle souhaitait et la porte se referma sur les deux parfait étrangers.
Mais alors que l'ascenseur commençait à descendre, un bruit étrange se fit entendre et la cabine s'arrêta brusquement, forçant la jeune femme à se tenir à la barre devant le grand miroir pour ne pas perdre l'équilibre.
« Et bien... »
Soupira-t-elle alors que la lumière grésilla quelques instants avant de se stabiliser. Elle jeta un oeil à son interlocuteur et hésita à appuyer sur le bouton d'aide de l'ascenseur.
Pourquoi hésitait-elle ? Parce que dans le fond, elle serait bien restée planquée là le reste de la soirée pour éviter de devoir tenir son rôle encore jusqu'à une heure avancée de la nuit. Mais bon, ce serait suspect n'est-ce pas ? Elle finit donc par se décider, avec une moue légèrement contrariée, à appuyer sur le logo de sonnette suite à quoi on ne tarda pas à lui répondre que de l'aide allait être envoyée le plus rapidement possible, tout en s'excusant pour la gêne occasionnée.
« Je crois que nous allons rester là un moment. »
Annonça-t-elle avec un air plus léger dans l'optique de détendre l'atmosphère, afin que le pauvre serveur ne se sente pas mal à l'aise en sa présence.
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Daemon Zero
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Daemon Zero
Lun 22 Juil 2024 - 21:10
« TIME TO PRETEND »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La réception était un parfait contraste entre l’opulence des riches de la ville, et l'inconfort des rats s’approchant de jour en jour. Tout ici était somptueux, luxueux, illustrant l’art de la vie mondaine. C’était presque rêveur de regarder ce lieu, avec ces murs recouverts de bois, ces grandes fenêtres, devant une vue imprenable sur la ville qui semblait si minuscule, ou les lustres en cristal étincelants qui pendant majestueusement au-dessus de la tête des convives. Ils étaient tous trop occupés pour admirer la beauté de ce lieu, des lumières de la ville s’infiltrant à travers les fenêtres, ou la richesse du buffet, capable de nourrir un quartier tout entier.
Daemon avait presque l’eau à la bouche en regardant ce buffet.
Pour accompagner les invités durant la soirée, de nombreux serveurs en uniforme impeccable circulaient avec des plateaux de hors-d'œuvre délicats et de flûtes de champagne pétillant. Ils vagabondaient entre chaque groupe avec grâce, contrastant avec la démarche inconfortable, due au costume de Daemon. La différence était frappante, ajoutant une tension palpable à sa mission clandestine.
Daemon se faufilait parmi les invités, se faisant passer pour un serveur lors de la réception. Le costume, bien trop petit pour lui, collait à sa peau et limitait chacun de ses mouvements. La chemise étouffait ses épaules, les manches trop courtes dévoilaient ses poignets métalliques, et le pantalon serré cisaillait ses cuisses. Chaque respiration était une lutte contre l’étreinte du tissu, et l'inconfort constant rendait sa tâche encore plus difficile. Il devait rester concentré, mais chaque pas accentuait son agacement.
Portant un plateau de flûtes de champagne, il naviguait à travers la foule de convives élégants, souriant poliment et évitant tout contact visuel prolongé. Chaque fois qu'il s'inclinait légèrement pour offrir une boisson, il sentait les coutures du costume tirer désagréablement. Les invités, perdus dans leurs conversations animées, ne semblaient pas remarquer son malaise, et il s’efforçait de maintenir une façade de calme.
Son esprit était ailleurs, focalisé sur sa véritable mission. Il avait mémorisé les plans du bâtiment, chaque sortie, chaque point de sécurité. Ses yeux scrutaient la salle, cherchant des indices, des visages familiers, des opportunités. Le bruit des discussions, des rires et de la musique formait un bourdonnement constant, oppressant.
Profitant d'un moment de distraction générale, Daemon se glissa discrètement vers le fond de la salle, où un ascenseur attendait, ses portes d'acier brillant reflétant les lumières chatoyantes du hall. Il jeta un coup d'œil à son reflet distordu sur le métal, le temps que les portes ne s'ouvrent. Les portes s'ouvrirent avec un léger tintement, et il s'y engouffra rapidement, appréciant l'instant de répit que l’ascenseur lui offrirait.
Tandis que les portes se referment lentement devant lui, une jeune demoiselle s’empressa de s’avancer, quémandant l’attente de l'ascenseur .
Adieu, moment de répit !
Il offrit un sourire à la demoiselle, sans lui accorder une parole, non pas qu’il était impoli, mais vu sa façon de parler, il avait bien trop peur de se faire griller en essayant d’être courtois.
C’est alors que l’ascenseur, histoire de bien le foutre dans la merde, décida de rendre l’âme.
Daemon sentit son cœur s'emballer dès que l'ascenseur s'arrêta brusquement. Le claquement métallique, suivi du silence oppressant, le plongea dans une panique croissante. Les murs de la cabine semblaient se rapprocher, l'étouffant lentement. Il chercha frénétiquement une issue, ses doigts glissant sur le miroir glacé. La respiration rapide et saccadée, il serrait les poings de sa main libre, tentant de maîtriser sa peur.
«Non... pas maintenant, pas ici,» murmura-t-il, la voix tremblante.
Visiblement, la panne d'ascenseur ne mettait pas son interlocuteur dans les meilleures conditions possibles. Était-il claustrophobe ? Était-il simplement mal à l'aise de sa présence de quasi maîtresse de maison - après son père ?
Akshara s'arma d'un sourire légèrement taquin mais qui ne se voulait pas méchant le moins du monde pour tenter de briser la glace.
« Vous savez, il y a plus de chances de gagner à un jeu d'argent que de mourir dans un ascenseur. Enfin tout dépend ce qu'on y fais j'imagine... »
Elle regarda son vis-à-vis avec une lueur malicieuse, cherchant à le titiller pour qu'il ne cède pas à la panique. Dans pareilles circonstance, si elle avait été enfant et que sa mère était coincée là avec elle, c'est sûrement ce que cette dernière aurait fait pour tenter de la rassurer.
Mais Akshara n'était pas sa mère, malgré tous ses efforts, et manquait peut-être un peu de cette aura de douceur qui enveloppait madame Kamath de son vivant.
« Vous travaillez depuis longtemps ici ? Je ne vous avais jamais vu avant. »
Demanda-t-elle distraitement pour continuer d'occuper l'esprit de son interlocuteur et l'éloigner de sa terreur. Loin de se douter de qui il était, elle n'avait pas la moindre idée des ennuis qu'elle pouvait apporter à ce jeune homme avec une pareille question. À ce stade des choses, il était dans son esprit un serveur mobilisé exceptionnellement pour l'événement de taille qui se tenait dans la résidence familial et rien de plus.
Elle avait bien envie de s'adosser au miroir, mais il y avait plus classieux comme posture pour une jeune femme de sa condition. Aussi restait-elle debout avec distinction, mais sans paraître hautaine - dieu sait qu'elle détestait ça. Si elle avait su que celui avec lequel elle était coincé dans cet ascenseur jouait également un rôle, elle aurait pu faire tomber le masque de la parfaite héritière d'empire... Et se taper une bonne barre de rire par la même occasion.
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Daemon Zero
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Daemon Zero
Mar 30 Juil 2024 - 16:01
« TIME TO PRETEND »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Et si… Il avait envie de faire pipi? Et si… il.. non stop, cela faisait de longue minutes que Daemon se faisait des films a coup de “Et si”, allant de la catastrophe le plus improbable au monde, à son envie d'uriner qui pourrait surgir n’importe quand.
Inspirer, expirer.
Daemon prit une profonde inspiration, tentant de reprendre ses esprits alors que l'ascenseur restait immobile. Il se força à se concentrer sur les paroles de la jeune femme, ses mots taquins perçant à travers le brouillard de sa panique. Il la regarda, ses yeux cherchant un point de stabilité dans la lumière malicieuse qui dansait dans les siens.
«Si j’sors d’ici, j’jouerais au premier jeu d’argent que je trouve…,» répondit-il, sa voix légèrement tremblante mais se stabilisant, « j’ai déjà vécu pire.»
Un murmure, une phrase pour se rassurer, lui. Il est vrai, il avait déjà vécu pire. Il esquissa un sourire maladroit, espérant cacher la panique toujours présente. Elle semblait moindre contrairement à la première secousse, mais elle résidait au fond de lui, surtout en vue de la question d'Akshara sur son emploi. Cette phrase le fit tressaillir intérieurement. Il ne pouvait pas se permettre de dévoiler la vérité, surtout pas ici, surtout pas devant n’importe qui.
«Oh, heu… na.. Ouais, je suis nouveau,» mentit-il avec une certaine aisance retrouvée, «j'ai été recruté pour aider avec l'événement tout ça.»
Il espérait que sa réponse satisferait la curiosité de la jeune femme. Pour éviter de regarder la jeune femme, Daemon se baissa, déposant le plateau qu’il avait toujours avec lui, autant se libérer les mains. Il se redressa, essayant de paraître plus confiant et moins emprisonné par ses propres craintes.
«C'est une belle réception, en tout cas. Vous devez en être fière.»
Il jetait des regards rapides autour de lui, cherchant une issue de secours, mais continuant d'entretenir la conversation pour détourner son esprit de l'étroitesse de l'ascenseur. Il ne savait pas combien de temps ils seraient coincés là, mais il savait qu'il devait garder son calme et, surtout, ne pas attirer l'attention indésirable sur sa véritable mission.
Le jeune homme sembla reprendre un minimum ses esprits et même s'il avait l'air de lutter contre sa peur, il trouvait le moyen de plaisanter légèrement sur la situation en réponse à ce qu'elle lui avait dit pour détendre l'atmosphère. Ceci dit, son attitude était assez étrange, au delà de son malaise évident d'être coincé dans un ascenseur en panne avec la fille du maître de maison.
Le regard de la brune se balada un court instant sur le reste de la cabine, puis s'arrêta sur le bouton d'aide. Elle espérait qu'ils ne tarderaient pas trop à venir mais elle se doutait bien que résoudre le problème prendrait un certain temps. Aussi, un léger soupir s'échappa d'entre ses lèvres avant qu'elle ne reporte son attention sur son interlocuteur qui répondit à sa question précédente. Apparemment, il avait été appelé en service pour dépanner lors de cet événement.
Mais quelque chose clochait légèrement dans sa façon d'être. Impossible pour Akshara de mettre le doigt dessus, mais un élément la dérangeait. La panique sembla d'ailleurs de nouveau gagner son interlocuteur et elle lui offrit un sourire aimable en continuant les questions.
« Comment je dois vous appeler ? »
En fait, plus elle y pensait, et moins elle trouvait qu'il avait la dégaine d'un serveur. Mais peut-être était-il simplement nouveau dans le métier, ou alors il n'avait jamais travaillé chez les riches de la haute société. Il manquait... de droiture ? Quelque chose comme ça en tout cas. Sa façon de parler était légèrement maladroite, un peu directe, comme s'il n'avait pas été formé à déborder d'une éloquence grandiloquente comme les autres employés de maison.
Et quelque part, c'était plus agréable pour Akshara. Elle qui n'aimait pas ces enrobages hypocrites de mondanité, elle avait l'air d'être tombée sur quelqu'un qui évitait un minimum les faux semblants. Mais voilà, c'était étrange. Etrange que la plus ancienne et respectable de leurs employées chargée du recrutement ait fait appel à quelqu'un comme ça. Cela ne lui ressemblait pas, elle qui voulait toujours que tout soit impeccable pour la famille Kamath.
« Merci en tout cas, c'est en effet une belle réception. Mais c'est surtout mon père qu'il faut féliciter pour cela. »
Son regard se fit plus perçant, très légèrement plissé alors qu'elle cherchait à trouver une faille, une brèche, une entaille dans le jeu de rôle potentiel de son interlocuteur. Peut-être qu'elle se trompait sur toute la ligne, mais quelque chose lui disait d'écouter son instinct.
« Je suis curieuse, vous exercez ce métier depuis combien de temps ? »
Elle lui offrit un nouveau sourire aimable pour rester dans son propre rôle de quasi maîtresse de maison, cherchant à l'amadouer et à ne pas paraître trop suspicieuse. Probablement raté vu l'insistance de son regard...
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