Merde… Je me suis encore endormi sur mon bureau. C’est quelque chose qui m’arrive de plus en plus souvent ces derniers temps, trop pris dans le travail que je fais jour après jour. Je crois que j’ai pris trop de commandes à cause des dernières dépenses que j’ai dû faire et qui ont fait un trou conséquent dans mes maigres économies. C’est que c’est cher des composants informatiques. Et le loyer n’est pas donné non plus. Je ne pouvais pas faire la fine bouche avec les exigences que j’avais, comme le fait que ce ne soit pas un lieu extravagant et, surtout, qu’on ne puisse pas me reconnaître facilement, donc un endroit de la ville plutôt fréquenté. J’ai eu de la chance de trouver mon bonheur assez rapidement vu la situation dans laquelle j’étais.

Je me relève et m’étire le dos longuement pour détendre mes muscles. Décidément, je devrais au moins essayer de repérer les moments où je vais m’endormir pour aller jusqu’au canapé. Ça pourrait m’éviter une hernie discale. Enfin… En attendant que vienne ce moment, je me lève pour me traîner jusqu’à la douche. J’en ai bien besoin pour me réveiller. En plus de ça, il fait chaud ! L’été est une saison horrible, surtout qu’elle apporte une chaleur néfaste pour les ordinateurs qui peuvent faire une surchauffe s’ils ne sont pas bien ventilés. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, peut-être qu’il va falloir que je fasse une petite maintenance des composants. Il faudra que je me trouve du temps pour ça bientôt.
Rapidement, je me glisse sous la douche et me délecte de la fraîcheur de l’eau sur ma peau. J’y reste une bonne vingtaine de minutes, me lavant également les cheveux au passage. Puis, je sors pour terminer ma toilette et m’habiller. Cela fait, je retourne dans la pièce principale dans laquelle se trouve mes ordinateurs, mon clic-clac qui me sert surtout de canapé en ce moment, et ma cuisine. C’est dans cette partie que je me rends.

Prenant une cuillère sur le sèche-vaisselle, je la prend dans ma bouche pour garder mes deux mains libres. Je prends ensuite une tasse et je vais fouiller dans mon frigo. … Pourquoi il est vide ? J’étais certain que… Ah ! C’était il y a deux jours que j’avais encore du lait et quelques trucs à manger. Je voulais en acheter hier mais j’ai oublié de sortir, pris par mon boulot. Mon ventre gargouille, me signifiant que j’ai faim. Je me doute que je ne mange pas assez et je connais les conséquences. Je soupire, pensant que je vais devoir sortir pour faire les courses. L’idée ne me plaît pas des masses, surtout que je ne sais pas si je pourrais faire pour toute la semaine vu la quantité que je peux manger sur la journée. Putain de hypermétabolisme. D’un autre côté, mieux vaut que je le fasse tant que je ne souffre pas trop… Que faire… ?

Je suis encore en pleine réflexion face à mon frigo vide ouvert quand j’entends toquer à la porte. Je ferme l’appareil électroménager et je pose ma tasse avec la cuillère dedans avant d’aller regarder par le judas qui peut bien venir me rendre visite. Je sais dores et déjà que ce ne sera pas un client ou même un membre de ma famille. Ils ne sont pas censés savoir qui je suis dans la vie réelle. Sauf peut-être quelques riches, mais ils ne sont pas censés savoir où j’habite. Ah ! Il y a Suyin, une personne que j’ai aidée il y a un moment et qui, par la suite, voulait absolument m’aider peu importe la manière. Depuis, je reçois régulièrement sa visite.
C’est bien Suyin sur le palier de ma porte. Je lui ouvre et, je regarde un peu autour en lui demandant comme à mon habitude :

Tu n’as pas été suivi ?

Ne sachant jamais comment lui parler, puisque je n'ai pas compris comment Suyin souhaite se définir, je fais généralement attention de n’utiliser ni féminin, ni masculin. J’utilise donc des mots qui sont phonétiquement proches dans leur prononciation, que ce soit au féminin ou au masculin, comme maintenant. C’est plus simple pour moi, cela me permet de ne pas vexer cette personne, juste au cas où.

Une fois que je suis certain que tout va bien, je ferme la porte derrière Suyin et je me détends. Je regarde cette personne qui m’est proche et je lui demande en allant m’installer sur une chaise près de la table où se trouve la tasse posée un peu plus tôt :

Comment ça se passe pour toi, en ce moment ? Pas de problème à signaler ?

Suyin est sans doute la seule personne à venir me rendre visite de temps à autre et, surtout, à prendre soin de moi. Malgré tout, je n’ose pas vraiment lui demander de l’aide, bien trop habitué à me débrouiller seul depuis que je suis jeune. Ce n’est pas comme si j’avais pu compter sur mes parents…